Origines


Le territoire d'Arboussols renferme des traces d'activités humaines préhistoriques, ce qui est compréhensible étant donné sa position géographique, niché dans les collines de moyenne montagne. On y trouve notamment un dolmen, situé le long de la route qui relie Arboussols à Marcevol, à environ 300 mètres du village sur la droite (20 mètres en contrebas). Étonnamment, ce dolmen ne figure sur aucune carte.

Plusieurs autres communes environnantes possèdent également des dolmens. Ces mégalithes semblent avoir été érigés relativement tardivement, vers -2200 avant notre ère.

À l'époque, ni les Celtes (-500), ni les Romains (-121), ni les Wisigoths n'ont laissé de traces durables sur le territoire d'Arboussols. Ce n'est qu'après l'invasion sarrasine et le dépeuplement du Roussillon que Charlemagne parvient à conquérir et pacifier la région en 811. Ainsi débute l'ère chrétienne, marquée par la multiplication des églises rurales.

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C'est durant cette période que le village d'Arboussols fait son apparition. Sa première mention remonte à 1011 dans un document récapitulant les possessions de l'abbaye Saint-Michel de Cuxa. Arboussols y est évoqué à travers son église dédiée à Sainte Eulalie. Cette possession n'a rien de singulier, car tous les villages environnants appartenaient également à cette abbaye. Arboussols conservera cette affiliation jusqu'à la Révolution française.

L'église Sainte Eulalie, de style roman catalan, présente une architecture classique avec une nef unique et une abside semi-circulaire. Son chevet est orné de magnifiques arcatures aveugles. À l'origine, elle était charpentée, mais lors des travaux entrepris au XIe siècle et repris au XIIe siècle, la charpente fut remplacée par une voûte en berceau sur arcs latéraux. De surcroît, l'église fut surélevée.

Au début du XIIe siècle, le Prieuré de Marcevol s'installe à proximité. À cette époque, les prieurés garantissaient la survie des villages tout en les protégeant des menaces extérieures, faisant office de forteresse. Grâce à cette proximité, le village d'Arboussols put prospérer.

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Au XVIIe siècle, l'église originelle se révéla trop petite pour accueillir la population croissante. Elle fut alors abandonnée après la construction d'une seconde église, dédiée à Saint Sauveur et de style gothique.

En 1790, la République naissante vote une loi déclarant les biens de l'Église comme propriétés de l'État. Les édifices religieux qui ne sont pas des paroisses sont condamnés à fermer, et le prieuré de Marcevol se plie à cette loi, conduisant les moines à quitter la région. Cela marque le début de l'exode dans le village d'Arboussols, qui vivait principalement de l'activité générée par la présence des religieux.

Dolmen « La Llosa del Cortal dels Polls »

Coordonnées Lambert III: x:610,600; y:3040,990; z:845 m.

Ce dolmen se trouve sous le Pic de Bau, à la limite nord-est du territoire d’Arboussols, limitrophe de celui de Comes-Eus.
Pour y accéder, il est recommandé de monter jusqu'au Cortal dels Polls, puis de suivre vers l'ouest un sentier débroussaillé par les chasseurs, qui comporte également des postes de guet.

Il s'agit d'un remarquable dolmen, partiellement encastré dans la roche naturelle. La dalle granitique atteint une longueur maximale de 2,80 m et une largeur maximale de 2,70 m.

Les dolmens ont souvent été réutilisés pour des inhumations ultérieures, ce qui complique la datation. Dans la région du Roussillon, on estime que les dolmens étaient particulièrement utilisés à l'âge du cuivre (entre 2200 et 1800 av. J.-C.). Selon Jean ABELANET, l'auteur de "Itinéraires mégalithiques" (Ed. Trabucaire, 2011, page 40), le dolmen "La Barraca" situé au mas Llossanes, dans la commune voisine de TARERACH, daterait du néolithique final (2500 à 2200 av. J.-C.).

Dolmen La Llosa del Cortal dels Polls
Quelques informations :


La "protohistoire" est la science qui rassemble les connaissances sur les peuples sans écriture. Elle a aussi une dimension chronologique et correspond alors aux âges des métaux (cuivre, bronze, fer). Pour certains, c'est la période caractérisée par l'adoption de l'économie de production : elle englobe ainsi le néolithique et l'âge des métaux.

Le "néolithique ancien cardial" : il débute vers 5500 av. J.-C. Il se caractérise par un outillage de silex très fin, la chasse et la pêche. L'agriculture n'est pas encore attestée : on ne trouve pas de meule. La poterie présente des impressions de bords de coquille (cardium edule) ou de peigne. Pendant le néolithique moyen (3500 à 2800 av. J.-C.), la poterie est dotée de bossettes pour la préhension, et les meules font leur apparition. Pendant le néolithique final (2500 à 2000 av. J.-C.), la vie pastorale et l'agriculture prennent de l'ampleur : on découvre des petits récipients percés de trous pour égoutter les fromages, ainsi que des jarres pour le stockage du grain. On pratique aussi les inhumations collectives dans les dolmens.



Au "chalcolithique" (2200 à 1800 av. J.-C.), les premiers métaux font leur apparition (cuivre, plomb, or, argent). La poterie adopte une forme de cloche (campaniforme). Pour les défunts, on réutilise ou on construit de nouveaux dolmens, ou bien on dépose les ossements dans des ossuaires (souvent situés dans des grottes).

Pendant le "bronze final" (1000 à 750 av. J.-C.), les haches sont en bronze et prennent de multiples formes. Les poignards se transforment en épées ; on trouve également des couteaux, des faucilles et des bracelets en bronze. La technique de taille du silex tombe en désuétude.

Le début de "l'âge du fer" débute vers 750 av. J.-C.